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vendredi 2 avril 2010

Des micro-états aux phénomènes

d’après Mioara Mugur-Schächter
Une révolution dans la façon de progresser sur la voie du savoir.
À ce jour, la question de savoir comment l’entité–objet d’une description est introduite, est entièrement occultée en tant que question explicite et générale, non seulement dans la pensée courante, mais aussi dans les sciences, et même dans les sciences les plus modernes.
La théorie de la relativité d’Einstein, par exemple, ignore la question. Nonobstant ses analyses révolutionnaires des mesures des distances spatiales et des durées, cette théorie, parce qu’elle a été conçue initialement au niveau macroscopique, travaille partout – même dans ses extensions au domaine microscopique – directement avec des ‘objets’ préexistants définis par leurs ‘propriétés’, comme dans la logique classique. La Relativité d’Einstein est une théorie presque classique.

Mioara Mugur-SchächterQuant à la Mécanique quantique elle-même, source de la compréhension du rôle central que peut jouer l’opération de ‘génération’ de l’entité–objet–de–description en tant qu’opération physique délibérée et indépendante de toute qualification, la question de la ‘génération’ des entités–objets d’étude n’y est mentionnée que dans un contexte introduisant une confusion. À savoir, en relation avec le concept de ‘préparation d’état’ qui intervient dans la définition d’un acte de MESURE à accomplir sur le micro-état à étudier. Ce concept présuppose que le micro-état à étudier est déjà disponible en tant qu’entité–objet de la qualification à accomplir ; mais afin d’être qualifié ce micro-état doit être changé d’une manière telle qu’elle permette de parler d’une ‘mesure’ d’une grandeur mécanique bien définie, produisant des effets observables que l’on puisse coder en termes de valeurs de cette grandeur mécanique. C’est ce processus de changement approprié du micro-état–objet–d’étude, supposé déjà existant, lors d’un acte de mesure accompli sur lui, qui est le désigné de l’expression ‘préparation d’état’ (préparation du micro-état en vue de la mesure). Dans cette circonstance-là il ne s’agit donc nullement (en général) de la génération de l’entité–objet à décrire – le micro-état – mais de l’opération de qualification de cette entité. Pourtant, lorsqu’on prononce l’expression nouvelle ‘opération de génération de micro-état’, la force d’attraction qui, pour un physicien, émane du sens de l’autre expression de ‘préparation d’état’, phagocyte le sens de l’expression nouvelle. Le fait qu’il soit clair que, afin de qualifier un micro-état, il faille d’abord qu’il soit là ‘fixé’ en tant qu’objet-d’étude, disponible, nommable et reproductible, n’y change rien. Telle est la force que les habitudes de langage ont sur la pensée.

En ce qui concerne les opérations de qualification, d’après la pensée classique telle qu’elle est reflétée par les grammaires et par la logique, tout le processus qui d’abord crée un qualificateur et ensuite crée les qualifications correspondantes est resserré en un seul acte statique, presque passif, de simple détection sur une entité–objet préexistante, d’une propriété également préexistante. C’est précisément ce rétrécissement qui fait contraste avec l’analyse d’Einstein des mesures de longueur et de durée. Le scandale soulevé par la Relativité restreinte a consisté dans la prise de conscience (1905-1925) du fait que les qualifications d’espace et de temps se construisent par les processus physiques de mesure, et que les résultats des processus de mesure d’espace et de temps comportent des relativités à ces processus de construction. Cette prise de conscience a clairement influencé plus tard la démarche active et relativisante adoptée pour construire des qualifications de micro-états. Dans l’élaboration des processus de mesure sur des micro-états, cette prise de conscience déclenchée par la relativité restreinte s’est prolongée, généralisée et précisée. À l’opposé de ce qui s’est passé concernant l’opération de génération d’une entité-objet – qui a été occultée – le schéma d’un processus actif et relativisant de qualification d’un micro-état par des mesures qui créent la qualification obtenue, s’est royalement installé vers 1935 dans la nouvelle pensée scientifique et philosophique officielle. Néanmoins aujourd’hui encore ce schéma continue de surprendre. On a beaucoup de mal à se débarrasser de la contraction classique d’un processus de qualification en une simple détection d’une propriété posée comme préexistante, absolue et ‘possédée’ par l’entité–objet en un état actuel, cela, indépendamment de tout acte cognitif opéré sur elle. Ce sont toujours la grammaire et la logique classique, avec leurs objets et prédicats hypostasiés, qui mènent la danse dans la pensée courante.
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1 commentaire:

Les Terres Bleues a dit…

Madame,

C’est la première fois que je constate une approche critique aussi fine, précise et pertinente de la question épistémologique centrale de l’introduction en physique de l’entité-objet de l’étude.
Ma connaissance insuffisante des échanges théoriques actuels explique probablement bien des choses de ce point de vue, mais elle ne saurait en aucune façon m’empêcher de vous exprimer ma gratitude de voir enfin traiter sérieusement, et par une scientifique de talent qui plus est, ce véritable problème de fond de la génération des micro-états que je me permettrai, malgré mon faible niveau, d’extrapoler en celui de la génération des phénomènes observables.

Avec tous mes encouragements, veuillez recevoir Madame, l’expression de mes plus cordiales salutations.

Les Terres Bleues.


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